Compagnie Théatre 7
L'AQUARIUM

de Louis CALAFERTE
 

Les témoignages des spectateurs


L'aquarium, pourquoi l'aquarium? Parce qu'on les regarde tourner en rond dans leur couple comme deux poissons dans l'aquarium? Parce qu'ils nagent dans leurs petits problèmes comme deux poissons dans l'eau? Ils vivent ensemble mais ne sont pas sur la même longueur d'onde. Les dialogues, dans leur banalité, sont très drôles. J'aime beaucoup le texte de Calaferte, mais il est assez sévère avec la femme, casseuse de rêve. Elle empêche son mari de partir et même de rêver de partir, de recommencer. Simplement parce que dès qu'il parle du Canada, elle le coupe, elle s'inquiète: il n'est pas heureux où il est alors qu'elle fait tout ce qu'il faut pour cela, tout ce qu'elle peut et il ne voit donc rien, il ne voit donc pas le mal qu'elle se donne. J'ai vraiment beaucoup ri, il y avait derrière moi un garçon qui était aux anges. Pour lui, les répliques de l'homme et de la femme étaient probablement de bonnes farces faites à l'autre. Pour moi c'était plutôt cette façon qu'ont les gens de reprocher à l'autre la médiocrité qu'ils n'arrivent pas à voir en eux-mêmes. C'est un peu triste, j'aurais aimé qu'à un moment, juste pendant deux répliques, ils se retrouvent dans un même désir de changement...

 
Marie BOUGNET (Passion Théâtre) 
 


Un couple, chacun assis sur un fauteuil d'où ils ne bougeront pas. Minimum de gestes, minimum d'espace, minimum d'identité, nous ne connaîtrons pas leurs noms. Le seul nom énoncé est celui de Vidal, dont nous ne saurons rien car eux même ne savent rien de lui, et qui ne viendra jamais boire le café. Donc ils causent. De tout et de rien, de rien plutôt. Du rien qui fait leur vie. Ils se reprochent mille et une choses, des broutilles du quotidien à leurs rêves et leurs espoirs morts étouffés. J'ai ri d'entendre des reproches que j'avais déjà maintes fois entendus dans mon entourage, rengaines incontournables et toujours drôles sur la belle famille, lieux communs éternels sur le bricolage. Ils étaient tellement vrais tous les deux, tellement comiques. Mais ce qui est différent ici, c'est que cette discussion délétère se déroule dans un calme qui m'a semblé insoutenable. Elle, elle fait un constat épouvantable de sa vie, de sa non-vie, je devrais dire, du vide de sa vie. Mais sans révolte. La tension que j'ai éprouvée, provient de leur acceptation passive d'une vie qui ne les satisfait pas. J'avais envie de me lever, de la secouer, de lui dire d'arrêter de sourire, de lui dire qu'elle était morte, enterrée vivante dans son appartement. Opposition entre mon état nerveux, mon bouillonnement de révolte et leur tranquillité, leur renoncement, leur immobilisme.
 
Frédérique ROLANDONE (Passion Théâtre) 


Pourquoi l'Aquarium ? Parce qu'il s'agit d'un couple, d'un petit couple modèle qui ne fait tout au long de la pièce que de tourner en rond, dans leur petit salon, entre leurs deux canapés ? Parce que rien ne mène à rien, parce que l'attente de leur pseudo-ami Vidal n'est que prétexte à leur conversation ? Enfin, aquarium parce que l'on voudrait changer mais que l'on est enfermé dans ses habitudes et que c'est trop dur ? Les deux acteurs entrent sur scène pendant que les spectateurs s'installent : l'homme et la femme sont assis l'un à coté de l'autre. L'homme casse des noix. Sa femme lui demande d'arrêter car ce bruit lui casse les oreilles. Ca commence bien ! Quelle pertinence, Calaferte a l'oeil et sait si bien se faire le miroir de nos petites manies ! C'est ça qui est génial, c'est cet oeil ! Je suis face à deux êtres qui se connaissent ou en tout cas qui semblent lse connaître mais qui ne trouvent plus les mots. Ils n'ont plus rien à se dire. La seule chose qui les relie est un ridicule fil de laine. Pendant près d'une heure et demie, ils ne décolleront pas de leur fauteuil, ils ne se toucheront pas. Comment en sont-ils arrivés là ? Quelle dérision! Je les regarde, j'assiste à leur misérable quotidien et je souhaite de tout mon coeur ne jamais ressembler à ces gens là. Mais aurai-je le courage et la volonté si un jour je me rends compte que je me suis trompée et qu'il faut recommencer ? A la fin, la femme demande à l'homme : "Bon, qu'est-ce-qu'on fait ?" et lui de rêver : "Le Canada ... " Quelle dérision !

 
Sandra BLONDEL (Passion Théâtre) 


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